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Editions PARIGRAMME
Souvenirs de Paris


Certains ont accroché la lumière d'une époque, d'autres ses ombres puis ils ont disparu.
Que reste-t-il des hauts lieux parisiens quand le manteau de la banalité les a recouverts ?
Rien ou bien peu, sinon quelques évocations littéraires ou historiques... et une adresse.

C'est ainsi que nous nous retrouvons aujourd'hui devant une agence bancaire en songeant
aux amours tumultueuses de Verlaine et Rimbaud, en face d'un magasin de souvenirs à guetter
la silhouette chapeautée d'Aristide Bruant, le nez collé à la vitrine d'une antenne Pôle emploi pour
nous assurer que Maurice Chevalier, Edith Piaf, Fernandel, Bourvil et Charles Ttrenet ne sont
pas de passage. D'un haut lieu à l'autre, c'est le privilège de Paris : on n'est jamais seul très longtemps !


Ce livre est disponible dans la plupart des bonnes librairies de France
et également disponible auprès de l'Editeur, en bas de page.


Some hung the light of day, other then its shadows they disappeared.
What is left for Paris attractions when the coat has covered the banality?
Little or nothing, except some literary or historical evocations ... and address.

Thus we find ourselves today in a bank thinking
raging love of Verlaine and Rimbaud, in front of a souvenir shop to watch
silhouette headed Aristide Bruant, nose pressed to the window of a pole antenna for use
ensure that Maurice Chevalier, Edith Piaf, Fernandel Bourvil and Charles are Ttrenet
no passage. On top place to another, it is the privilege of Paris: one is never alone for long!



ATTENTION - CES PHOTOS SONT SOUS COPYRIGHTS RESPECTIFS A LEURS AUTEURS.
CES PHOTOS SONT TOTALEMENT INTERDITES A LA VENTE ET N'ONT AUCUN LIEN
COMMUN AVEC MES PHOTOS GRATUITES. ELLES SONT ICI UNIQUEMENT POUR PRESENTER
LE TALENT DE LA (DES) PERSONNE (S) AU MONDE A LA FACON D'UNE ENCYCLOPEDIE.




LA MAISON DE MIMI PINSON vers 1900
18, rue du Mont-Cenis, 18ème

Mimi Pinson est née sous la plume d'Alfred de Musset en 1845, en figure de la grisette, jeune ouvrière parisienne
sans le sou mais insouciante et gaie. Un personnage de papier loge-t-il dans une maison bien réelle ?

A montmartre, oui ! Ce serait à la toute fin du XIXème siècle qu'un char de carnaval de la Mi-Carême aurait
transporté dans les rues de la butte une reproduction de la masure à la lucarne en la désignant comme "
la maison de Mimi Pinson". Un mythe prend corps qui sera popularisé au cinéma, sur scène et dans la chanson
par Françis Lemarque, Georges Brassens ou Maxime Le Forestier.



L'ENDROIT OU ETAIT LA MAISON DE MIMI PINSON actuellement


La maison voisine, plus haute, a quant à elle été habitée par un personnage bien réel en la personne d'Hector
Berlioz, entre 1834 et 1836. Le compositeur y abrite ses amours avec la pulpeuse Harriet Smithson, comédienne,
dont il est épris depuis des années et à laquelle il déclare sa flamme par Symphonie fantastique interposée.
"Dans huit jours, écrit-il à sa soeur le 20 mars 1834, nous allons habiter Montmartre, la montagne de Paris ;
nous avons un petit appartement de quatre pièces, un jardin et la vue de la plaine de Saint-Denis pour 70 francs
par mois. C'est beaucoup moins cher qu'ici et en une demi-heure on est à Paris. Je serais plus tranquille pour travailler, ici les visites nous assomment."
La maison de Berlioz est peinte en 1914 par Utrillo, avant d'être rasée, en 1926, comme celle de Mimi.




LE BAL TABARIN vers 1910
36, rue Victor-Massé, 9ème


Le Bal Tabarin vit ses plus belles années de son ouverture, en 1904, au début des années 1920. Phare de la Belle Epoque, ce cabaret au somptueux décor Art nouveau est un concurrent direct du Moulin Rouge. Le public vient nombreux à ses bals costumés comme il s'amuse des bruits inattendus - coups de klaxon ou de revolver - interrompant l'orchestre. Les combats de boxe féminins ont leurs amateurs, ainsi que les danses affriolantes
qu'on invente rue Victor-Massé, comme la suggestive "tabarinette" qui ne se danse qu'entre femmes sous l'oeil interessé de l'assistance mâle. Ultime illustration de la légèreté française, des concours de toutes sortes (le plus
joli derrière, la plus belle poitrine, les lèvres les mieux ourlées...) mettent en joie le public. Et, le malheur de
l'un faisant les affaires de l'autre, le Tabarin recueille en 1915 le french cancan du Moulin Rouge alors que celui-ci
est dévasté par un incendie.




ACTUELLEMENT A LA PLACE DU BAL TABARIN

Changement de direction au début des années 1930 : le directeur artistique du Moulin Rouge reprend l'affaire
et transforme le Tabarin en un music-hall à l'américaine. Le décor est renouvelé dans le style Art déco et des machineries sophistiquées permettent d'envisager des revues dignes de Broadway. Très compromis pendant l'occupation, où il devient une sorte de club pour officiers allemands, l'établissement est racheté après-guerre
par les propriétaires du Moulin Rouge... qui n'en font pas grand chose.
Le Tabarin ferme en 1953 et est détruit en juillet 1966.




LA COUR DU DRAGON
50, rue de Rennes, 6ème


La cour du Dragon est un passage aménagé vers 1730, ouvrant d'un côté sur la rue du Dragon et de l'autre sur
la rue de l'Egoût, plus tard absorbée par la rue de Rennes. De part et d'autre d'une ruelle large de 7 mètres, l'architecte Pierre de Vigny aménage une vingtaine de boutiques. Sur la rue de l'Egout, le grand portail est
surmonté d'un dragon, sculpté par le ciseau habile de Paul-Ambroise Slodtz, rare ornement rocaille d'un édifice parisien dont on trouve un autre exemple, par le même auteur, à l'Hôtel Chenizot (51, rue Saint-Louis-en-l'Ile).
Occupée essentiellement par des ferrailleurs, la cour est investie lors des Trois Glorieuses de 1830 par des ouvriers
et des étudiants qui s'y approvisionnent en barres de fer avant de monter aux barricades. Mais ce n'est pas pour la mémoire de ce fait d'armes que la cour du Dragon attire les visiteurs à la fin du XIXème siècle ; ils viennent plutôt contempler une miraculée, quasiment au carrefour des deux réalisations haussmanniennes majeures, la rue de Rennes et le boulevard Saint-Germain. Dans cette enclave pittoresque, c'est le parfum du vieux Paris qu'on peut humer. Pour quelques décennies encore.




LA COUR DU DRAGON actuellement

La cour est détruite en 1934, laissant sur place un portail qui n'est plus qu'un gardien du vide. Lui-même est
emporté en 1955 avec l'édification d'un immeuble indigent, accueillant déjà un Monoprix. Reconstruit en 1999, le bâtiment ne se prive pas d'accrocher au-dessus de sa porte un moulage du fameux dragon (l'original est au Louvre)
et d'accomplir ainsi sa petite révérence à une histoire... dont il est pourtant le fossoyeur plus que le témoin.



LE CHAT NOIR vers 1900
12, rue Victor-Massé, 9ème.


Trop à l'étroit dans les murs du boulevard de Rochechouart et fuyant les voyous qui entendent y élire domicile, Rodolphe Salis établit son cabaret en mai 1885 dans une petite rue tranquille des environs. Il investit un hôtel particulier dont il entreprend de décorer spectaculairement la façade : un énorme chat noir se détache sur un soleil rayonnant, encadré par deux lanternes ouvragées, tandis que l'enseigne historique d'Adolphe Willette trouve sa place près de la pore et que des cascades de lierre tapissent les murs. A l'intérieur, le décor est tout aussi exubérant, véritable bric-à-brac fantastico-historique, ponctué par les oeuvres de Willette, de Caran d'Ache ou de Steinlen. Au rez-de-chaussée, on s'alcoolise et on s'échauffe consciencieusement, au premier étage, on assite aux spectacles des chansonniers et, au deuxième, on peut goûter les représentations du théâtre d'ombres colorées, ancêtre du cinéma, créé par Henri Rivière au moyen de silhouettes en zinc. Les pièces de Caran d'Ache, de Rivière et de Ssomm pour ce petit théâtre animé constituent la principal attraction du nouveau Chat Nor, avec les chansonniers ; ces derniers cultivent un esprit vif, gouailleur, brocardant sans relâche puissants et institutions.





Actuellement à la place du CHAT NOIR


Tout passe, tout lasse... Le dernier spectacle du théâtre d'ombres est donné en 1896, le public se fait plus rare,
le bail tire à sa fin. Rodolphe Salis meurt en 1897 ; le Chat Noir n'est plus, en dépit d'une tentative de reprise
sur le boulevard de Clichy qui fait long feu.