Brigitte Bardot (connue sous les initiales de « BB »), née le 28 septembre 1934 à Paris, est une actrice de cinéma, mannequin, chanteuse et militante de la cause animale française. Figure féminine des années 1950 et 1960, elle est une star mondiale, l'égérie et la muse de grands artistes de l'époque. Emblème de l'émancipation des femmes et de la liberté sexuelle, elle passe des rôles de femme-enfant à ceux de femme fatale. Elle tourne avec les plus grands réalisateurs, incarnant des personnages à l'élégante légèreté et à la sensualité photogénique. Elle devient rapidement un sex-symbol et acquiert une renommée internationale. Avec à son actif 45 films et plus de 70 chansons en près de 21 ans de carrière, Brigitte Bardot est une des artistes françaises les plus célèbres au monde. En 1973, elle met un terme à sa carrière d'actrice et se consacre dès lors exclusivement à la défense des droits des animaux, par la création notamment de la fondation Brigitte-Bardot. À partir des années 1990, plusieurs de ses livres et prises de position la remettent sur le devant de la scène médiatique, en particulier lorsqu'elle dénonce les égorgements rituels d'animaux sans étourdissement préalable ou encore la montée de l'islam en France. ———————— Enfance et adolescence Brigitte Bardot naît à Paris, le 28 septembre 19341,2, au 5, place Violet dans le 15e arrondissement3, dans un milieu bourgeois. Son père Louis Bardot, surnommé « Pilou » (1896-1975), est un industriel originaire de Ligny-en-Barrois en Lorraine4, propriétaire des Usines Bardot (appartenant à Air liquide), dont le siège était rue Vineuse à Paris5. Sa mère Anne-Marie Mucel (1912-1978), dite « Toty », a passé son enfance en Italie. Brigitte et sa sœur cadette Marie-Jeanne (dite Mijanou), née le 5 mai 1938, reçoivent une éducation stricte. Elles souffriront d'un manque criant d'affection de la part de leurs parents, surtout de leur mère. Dès son plus jeune âge, une amblyopie qui l'empêche de voir de son œil gauche6 est diagnostiquée chez Brigitte. Enfant dissipée, elle souffre de la préférence de ses parents pour sa sœur Marie-Jeanne et se pose alors souvent la question « Pourquoi je vis7 ? ». Elle se passionne pour la danse classique8 et fait ses premiers pas, à sept ans, au cours Bourgat. En 1949, la jeune fille entre au Conservatoire de Paris et y obtient un premier accessit9. Son père, dont un recueil de poèmes a été primé par l'Académie française10, est un passionné de cinéma et adore filmer. Il existe ainsi de nombreux films de Brigitte enfant (fait rare à l'époque). Sa mère aime particulièrement la mode et la danse. Les Bardot, qui font partie de la haute société, fréquentent le Tout-Paris, des directeurs de presse, de théâtre, de cinéma mais aussi des gens de la mode. Elle étudie à l'Institut de la Tour, un établissement catholique situé au no 86 rue de la Tour (16e arrondissement)11 Hélène Lazareff, directrice de Elle et du Jardin des Modes12, est une grande amie de Madame Bardot ; elle engage Brigitte en 1949 pour présenter la mode « junior ». À 15 ans, l'adolescente devient très vite la « mascotte » du magazine Elle, dont elle fait la couverture dès 194913. Le réalisateur Marc Allégret, voyant les photos, demande à la rencontrer14, mais ses parents s'opposent à ce qu'elle devienne actrice15. Son grand-père, qu'elle surnomme « le Boum », lui fait confiance, et prend sa défense : « Si cette petite doit un jour être une putain, elle le sera avec ou sans le cinéma, si elle ne doit jamais être une putain, ce n'est pas le cinéma qui pourra la changer ! Laissons-lui sa chance, nous n'avons pas le droit de disposer de son destin15. » À l'audition, elle rencontre l'assistant d'Allégret, Roger Vadim15, qui lui donne la réplique pour une scène du film Les lauriers sont coupés16. Le film ne se fait pas, mais ils tombent amoureux17. Ses parents s'opposent à cette relation. Son père lui annonce un soir qu'elle va poursuivre ses études en Angleterre18 et qu'elle doit prendre le train dès le lendemain matin, pour ne revenir qu'à sa majorité18, cinq ans plus tard19. Effondrée elle refuse, ce soir-là, de les accompagner à un spectacle, prétextant un mal de tête19, et dès leur départ, met sa tête dans le four de la cuisine, le gaz ouvert19. Rentrés plus tôt — le spectacle ayant été annulé — ses parents la trouvent dans le coma avec, à ses côtés, un petit mot expliquant son geste19. Reprenant conscience elle parvient, à force de supplications, à convaincre son père de ne pas l'envoyer en Angleterre. Il accepte, à condition qu'elle n'épouse Vadim qu'à l'âge de dix-huit ans20. ——————————— Premiers pas au cinéma Après avoir de nouveau fait la couverture de Elle21, Brigitte Bardot se voit offrir son premier — petit — rôle par le réalisateur Jean Boyer dans Le Trou normand avec Bourvil. La débutante n’est pas enthousiaste, mais accepte pour les 200 000 francs qu'on lui offre22. Elle notera, dans ses mémoires parus en 1996, avoir un souvenir pénible de ce premier tournage22, mais poursuit cependant dans cette voie avec Willy Rozier, qui lui offre son second rôle dans Manina, la fille sans voiles23. Pour ses 18 ans, son père l’autorise à se marier avec Roger Vadim (la majorité étant à 21 ans à l'époque). Le mariage est célébré à l'église Notre-Dame-de-Grâce-de-Passy (16e arrondissement de Paris), le 21 décembre 195220,24. En 1953, elle rencontre Olga Horstig, qui devient son agent25. Anatole Litvak, metteur en scène américain, lui demande de jouer un petit rôle dans Un acte d'amour avec Kirk Douglas25. André Barsacq lui propose de reprendre, au théâtre de l'Atelier, le rôle créé par Dany Robin dans L'Invitation au château de Jean Anouilh26. N'ayant aucune expérience théâtrale, elle se trouve « nulle »26. Le soir de la première, les plus grands critiques sont présents27. Peu avant son entrée en scène, Anouilh lui envoie des fleurs et un petit mot : « Ne vous inquiétez pas, je porte chance27 ». Le lendemain, elle reçoit les compliments de Jean-Jacques Gautier et la plupart des critiques sont bonnes27. Sacha Guitry cherchant une comédienne « pas chère » pour jouer Mademoiselle de Rosille, maîtresse d'un soir de Louis XV interprété par Jean Marais, l'agent de Bardot propose à Brigitte de jouer une scène dans Si Versailles m'était conté...27. Elle accepte alors avec joie27. La jeune actrice se rend ensuite à Rome, où on lui propose du travail28 et s'y lie d'amitié avec Ursula Andress29, rendue célèbre, quelques années plus tard, par le film James Bond 007 contre Dr No. Bardot décroche un rôle dans un film américain, Hélène de Troie de Robert Wise avec Rossana Podestà. « Mon anglais était minable et mon trac formidable. J'appris mon rôle sur le bout des doigts, je ne savais même pas ce que je disais, mais je le disais avec tant d'assurance que je fus choisie28 ». Encore à Rome, elle tient le rôle principal30 d'une petite30 production italienne, Haine, Amour et Trahison, qu'elle qualifiera plus tard de « mélodrame ridicule ». De retour en France, son agent lui propose de jouer avec Michèle Morgan et Gérard Philipe dans Les Grandes Manœuvres de René Clair. Son rôle n'est pas important, mais elle préfère « un petit rôle dans un très bon film à un grand rôle dans un mauvais film31 ». Marc Allégret la dirige ensuite dans En effeuillant la marguerite qui est un échec32. Elle retourne alors à Rome pour Les Week-ends de Néron, elle devient, pendant le tournage, « capricieuse », selon ses propres termes, exigeant pour une scène de bain qu'une solution d'amidon soit remplacée par du lait... vite transformé en yaourt par la chaleur des projecteurs33. —————————————— Vie privée Brigitte Bardot a été mariée quatre fois34. du 20 décembre 1952 (à la mairie) / 21 décembre 1952 (à l'église de Passy) au 6 décembre 1957 avec Roger Vadim34 ; du 18 juin 1959 au 30 janvier 1963 avec Jacques Charrier34 ; du 14 juillet 1966 au 1er octobre 1969 avec Gunter Sachs34 ; depuis le 16 août 1992 avec Bernard d'Ormale34. Elle épouse Roger Vadim à l'âge de 18 ans. Lors du tournage de Et Dieu… créa la femme, elle tombe amoureuse de son partenaire Jean-Louis Trintignant35. Ses rapports avec Vadim deviennent ceux d'un frère et d'une sœur35. Le réalisateur réalise avec difficulté les scènes d'amour entre elle et Trintignant35. Marié à Stéphane Audran, Trintignant quitte tout pour aller vivre avec Bardot, qui en fait de même35. Elle dit plus tard : « J'ai vécu avec lui la période la plus belle, la plus intense, la plus heureuse de toute cette époque de ma vie35 ». Il la quitte en 1957, année de son divorce avec Roger Vadim, lorsqu'elle revient de Madrid, où elle a de nouveau tourné sous la direction de Vadim dans Les Bijoutiers du clair de lune, persuadé qu'elle lui a été infidèle36. Elle déclare : « Jean-Lou est parti parce que je ne l'en empêchais pas, parce que je ne savais plus où j'en étais37 ». Bardot et Sami Frey à Saint-Tropez en 1963. Brigitte Bardot en 1961 (photographie de Pierluigi Praturlon). Le 15 mai 1958, Brigitte Bardot achète La Madrague, une maison située sur la route des Canebiers, à Saint-Tropez, pour la somme de 24 millions de francs français38 de l'époque (anciens francs). Elle connaît de brèves liaisons avec Gilbert Bécaud39 et Sacha Distel. Ensuite, elle se marie pour la deuxième fois, avec Jacques Charrier, qu'elle a rencontré sur le tournage de Babette s'en va-t-en guerre40. Avec lui, elle aura son unique fils, Nicolas Charrier, en 1960. Ils divorcent en 1963, Brigitte ayant une aventure avec Sami Frey depuis La Vérité, en 1960. Elle affirme : « Sami, un être rare, sensible, angoissé et érudit qui resta longtemps l'homme de ma vie41 ». Il met un terme à leur relation l'été 1963, du fait de sa liaison avec le musicien brésilien Bob Zagury. En mai 1966, elle rencontre Gunter Sachs42. Elle déclare : « J'avais déjà connu bien des hommes, j'avais aimé, vécu des passions, mais ce soir-là, je m'envolais, portée par Gunter dans un monde féerique, que je n'avais jamais connu et que je ne connaîtrais jamais plus43 ». Elle l'épouse en troisièmes noces près de deux mois après cette rencontre. Ils restent ensemble moins d'un an, bien qu'ils ne divorcent que trois ans après leur mariage. Paris Match et Jours de France leur consacrent un numéro spécial et ne cessent de parler d'eux pendant un mois, tout comme les quotidiens internationaux Time, Life, Newsweek, La Stampa ou encore Spiegel44. Certains attendent même avec impatience 1973, ayant remarqué qu'elle se marie tous les sept ans44. Pendant leur voyage de noces à Tahiti45, elle est déçue par son attitude, la laissant seule pour partir rejoindre ses amis46. Elle regrette : « À ce moment, j'ai compris que Gunter était un homme qui avait besoin de copains, de traditions, les femmes n'étant dans sa vie que les parures splendides mais artificielles d'une mise en scène théâtrale d'où il ne pouvait tirer la quintessence de son existence46 ». Ils ne se voient que très rarement : « En deux ans de mariage, je dus le voir l'équivalent de trois mois pleins47 ». Alors qu'il rêve de tourner un grand film pour elle, il veut présenter au Festival de Cannes un documentaire animalier, « sans aucun intérêt » selon Brigitte48. Il la menace de divorce si elle ne veut pas l'accompagner pour en faire la promotion. « Je haïssais Cannes. [...] Ce n'était pas pour aller présenter son film de merde que je changerais d'avis ! « Madame, me répondit Gunter, si vous n'acceptez pas, je divorce ! - Eh bien, divorcez, monsieur »48. » Même si elle se sait trompée, elle finit par accepter49. Leur relation ne cesse alors de se détériorer. En 1967, elle enregistre, pour le Bardot Show, Harley-Davidson composé par Serge Gainsbourg avec qui elle se sent bien. « Ce fut un amour fou — un amour comme on en rêve — un amour qui restera dans nos mémoires et dans les mémoires50 ». Elle devient sa muse50. Pour essayer néanmoins de sauver son mariage, elle lui demande de ne pas sortir Je t'aime… moi non plus et chante pour lui Bonnie and Clyde ou encore Comic Strip. En mai 1968, alors qu'ils se trouvent à Rome, Gunter lui annonce son départ précipité pour les îles Canaries51. Elle reste néanmoins suspicieuse. C'est la femme de chambre de Gunter, Margaret, qui, par ailleurs ne cesse d'espionner Brigitte52, qui lui remet une lettre de rupture52. Sur les témoignages précis de sa femme de chambre, il lui explique qu'il ne peut plus accepter plus longtemps d'être « trahi dans sa propre demeure, ridiculisé et cocufié ouvertement devant ses amis et collaborateurs, et ses domestiques52! » Elle est atterrée par cette nouvelle, « J'avais déjà trompé Gunter, certes, il me l'avait rendu au centuple, mais cette fois ce n'était pas le cas et pourtant je sentais qu'il me serait impossible de me justifier52,49 ». Par la suite, elle noue une relation avec Patrick Gilles, qui dure plus de deux ans53, puis avec Christian Kalt, Laurent Vergez, Mirko Brozek et Allain Bougrain Dubourg54. En 1992, lors d'un dîner organisé par son avocat, Jean-Louis Bouguereau, à Saint-Tropez, elle fait la connaissance de Bernard d'Ormale. Elle évoque alors, dans ses mémoires, « un coup de foudre mutuel55 » et prédit qu'« il sera [s]on mari pour le reste de [s]a vie56 ». Dans sa vie, Brigitte Bardot dit avoir connu 17 hommes56. Certaines liaisons avec des hommes peu médiatisés57. —————————— Consécration Et Dieu… créa la femme (1956) Article détaillé : Et Dieu… créa la femme. Vue de Saint-Tropez. En 1956, Roger Vadim écrit avec Raoul Lévy un scénario intitulé Et Dieu… créa la femme58. Aucun producteur ne veut financer le film58. Brigitte Bardot se rend alors au festival de Cannes. Tout le monde parle d'elle et la starlette qu'elle est devenue éclipse Sophia Loren et Gina Lollobrigida, les plus grandes stars de l'époque59. Les flashs des photographes se déclenchent sur son passage et son sex-appeal émeut la Croisette. C’est finalement grâce à l'approbation de Curd Jürgens, acteur important de cette époque, pour qui Vadim et Lévy ont taillé sur mesure le rôle d'Éric Carradine, qu'ils obtiennent le financement nécessaire60. Le tournage a lieu à Saint-Tropez60. C'est ce film qui lui permet d'entrer dans la légende du cinéma mondial et de devenir un mythe vivant, un modèle social et un sex-symbol international61. La jeune artiste y joue le rôle de Juliette Hardy, face à Curd Jürgens, Christian Marquand et Jean-Louis Trintignant, avec lequel se noue une liaison35. Un an plus tard, le 6 décembre 1957, elle divorce de Vadim. Celui-ci définit ainsi le personnage qu'elle interprète : « Je voulais, à travers Brigitte, restituer le climat d'une époque, Juliette est une fille de son temps, qui s'est affranchie de tout sentiment de culpabilité, de tout tabou imposé par la société et dont la sexualité est entièrement libre. Dans la littérature et les films d'avant-guerre, on l'aurait assimilée à une prostituée. C'est dans ce film une très jeune femme, généreuse, parfois désaxée et finalement insaisissable, qui n'a d'autre excuse que sa générosité62. » À sa sortie en France, le film est accueilli avec une certaine réserve63. Les Cahiers du cinéma reprochent la facilité du sujet et le choix des acteurs63. Brigitte Bardot est critiquée sans indulgence pour son verbe traînant et son articulation douteuse63. Paul Reboux dit d'elle qu'elle a « le physique d'une boniche et la façon de parler des illettrés63! » Raoul Lévy et Roger Vadim décident d'exploiter le film à l'étranger en espérant qu'il y sera un succès63. Rebaptisé And God Created Woman, il fait un triomphe aux États-Unis64. « C'était un succès extraordinaire, les critiques se montraient dithyrambiques, je devenais soudain la Française la plus connue outre-Atlantique65 » se rappelle Bardot quelques années plus tard. Les Américains inventent même le terme « bardolâtrie »66,10 pour qualifier l'enthousiasme qu'elle suscite. Simone de Beauvoir affirme qu'« [elle] marche lascivement et [qu']un saint vendrait son âme au diable pour la voir danser10 ». Le film ressort alors en France et connaît un triomphe retentissant. Cinémonde écrit : « Le sex-appeal, c'est Marlene Dietrich, le glamour, c'est Ava Gardner, le oomph, c'est Jane Russell, le t'ça, c'est Suzy Delair, le pep, c'est Marilyn Monroe, Brigitte Bardot mélange tous ces ingrédients explosifs, y ajoute un zeste de fantaisie personnelle, elle sera le pschitt67! » Elle commence alors à recevoir beaucoup de lettres et d'appels téléphoniques de la part d'admirateurs65 et décide de prendre un secrétaire, Alain Carré, qui dévoilera, quelques années plus tard, bon nombre de ses secrets à la presse65. Dès lors, les projets de films s'accumulent. Olga, son agent, et Raoul Lévy lui proposent En cas de malheur que doit réaliser Claude Autant-Lara, le nouveau film de Vadim Les Bijoutiers du clair de lune ainsi qu'Une Parisienne et La Femme et le Pantin68. Son favori est En cas de malheur. Néanmoins, elle les accepte tous, mais refuse le film américain qu'on lui propose où Glenn Ford et Doris Day lui demandent d'être leur partenaire : Le Père malgré lui69. John Wayne évoque le souhait de jouer à ses côtés en 1960 : « Pour elle, je suis prêt à renoncer à mon chapeau de cow-boy69. » Son agent lui fait savoir qu'elle est invitée à Londres à la Royal Command Performance, pour le grand gala annuel, et doit être présentée à la reine Élisabeth II68. C'est là qu'elle rencontre Marilyn Monroe. « Je l'adorais, la regardais, fascinée. J'aurais voulu être « Elle », avoir sa personnalité et son caractère70 ». En 1958, Brigitte Bardot devient l'actrice française la mieux payée du cinéma français. Après Et Dieu… créa la femme, Raoul Lévy lui fait signer un contrat pour quatre films. Douze millions de francs français pour le premier film, quinze millions pour le second, trente millions pour le troisième et quarante-cinq millions pour le quatrième. Elle reçoit cinq pour-cent des recettes pour le film Les Bijoutiers du clair de lune38. D'Une Parisienne à Babette s'en va-t-en guerre (1957-1959) Rentrée en France, elle tourne dans Une Parisienne de Michel Boisrond avec Henri Vidal et Charles Boyer, qui est pour elle une comédie « fine et spirituelle, pleine d'humour et d'amour71 » . « Il fait partie des films dont je suis fière, il n'y en a pas eu beaucoup. Cette réussite me stimula et j'eus envie de continuer à me donner du mal pour mon métier72 ». Le film a en effet un grand succès71. La jeune actrice se rend ensuite en Espagne pour jouer dans Les Bijoutiers du clair de lune. Le tournage se termine à la suite d'un orage terrible73. Déprimée, elle souhaite rentrer en France74,73. Les dégâts sont tels que la production décide de tout rapatrier, et c’est à Nice, au Studios de la Victorine, dans un décor reconstitué, que la jeune femme termine le film75. Un soir, sa mère lui téléphone de Saint-Tropez ; elle a trouvé pour elle une maison « les pieds dans l'eau »76. Bardot s'y rend, tombe sous le charme de La Madrague, et l'achète immédiatement76,77. En 196378, l’obtention d’une dérogation exceptionnelle l'autorise à construire des murs se prolongeant sur la plage dans la continuité des clôtures de sa propriété, afin de protéger son intimité des importuns, notamment des paparazzi79. De retour à Paris, elle commence à tourner dans En cas de malheur avec Edwige Feuillère et Jean Gabin, mais terrorisée à l'idée de jouer un rôle aussi sérieux avec des acteurs si reconnus, elle panique80,81; le réalisateur Claude Autant-Lara, réputé pour être difficile80, s'énerve dès le premier jour car la jeune femme n'arrive pas à dire son texte correctement à chaque prise37. Gabin, sentant son angoisse, sa timidité et son affolement, la voyant au bord de la crise de nerfs, fait « exprès » de se tromper à la prise suivante37. L'atmosphère s’étant détendue, « j'ai enfin pu dire mon texte sans me tromper37 ». Le film, sélectionné au festival de Venise82, est accueilli avec une certaine réserve mais demeure, pour la comédienne, l'un de ses préférés avec La Vérité, Viva Maria !, Et Dieu… créa la femme et L'Ours et la Poupée83. Elle reçoit néanmoins cette année-là, puis jusqu'en 1961, le premier prix de popularité décerné par Ciné Télé Revue83. Brigitte Bardot en Italie, 1958. En 1959, elle accepte de jouer dans Babette s'en va-t-en guerre84. À la réception du scénario, ne comprenant pas que ce film, qu'elle imagine charmant, drôle et séduisant, puisse être rendu aussi minable et sans intérêt85, elle le renvoie ; elle a barré chaque page de crayon rouge, et écrit sur la dernière, où sa signature et son approbation devaient être apposées : « Je ne tournerai « jamais » une merde pareille85 ». Raoul Lévy fait alors réécrire l'histoire par Gérard Oury qui, entre sa carrière d'acteur et celle de metteur en scène, travaille alors comme scénariste-dialoguiste85. Le scénario est soumis une nouvelle fois à Bardot qui l'accepte avec enthousiasme85. Ses partenaires sont Francis Blanche et Jacques Charrier avec qui la jeune femme a une liaison86. Apprenant, peu après, qu'elle est enceinte., ne désirant pas d'enfant et effrayée à l'idée d'être mère87, elle envisage un avortement88, avant d'avouer la vérité à Jacques Charrier qui est « fou de joie » lorsqu'il l'apprend88. Ils se marient le 18 juin 195989 et, à cette occasion, Bardot lance la mode du vichy à carreaux, des cheveux longs et blonds et des ballerines89. Le 20 septembre 1959 sort Babette s'en va-t-en guerre90. Le film est un succès91 accueilli avec « sympathie par un public attiré par le couple que nous formions, par les acteurs sensationnels tel Francis Blanche, qui nous entouraient et par le côté farfelu et rigolo d'une guerre ironique90 ». Son agent lui fit alors savoir que Raoul Lévy et Henri-Georges Clouzot lui proposent de tourner à partir de mai 1960 dans La Vérité92. Mais son mari lui refuse la lecture de ce scénario qu’il juge déshonorant pour lui, sa famille et l’enfant à naître, puis jette tout ce qu'elle reçoit et plus particulièrement ce que lui propose Clouzot93. Elle signe néanmoins avec ce dernier dans le plus grand secret94. —————————— Sex-symbol des années 1960 La Vérité (1960) Son fils Nicolas nait le 11 janvier 196095 dans son appartement du 71 avenue Paul Doumer dans le 16e arrondissement de Paris. Après un accouchement difficile, « à la limite du supportable96 », elle refuse de voir son enfant qui représente à ses yeux « neuf mois de cauchemar. C'était un peu comme une tumeur qui s'était nourrie de moi, que j'avais portée dans ma chair tuméfiée, n'attendant que le moment béni où l'on m'en débarrasserait enfin97 ». Elle dira même un jour : « J'aurais préféré accoucher d'un chien98. » Dans la rue, la circulation est interrompue par la centaine de photographes et de journalistes95. Un policier est même de garde devant la porte de son appartement95. Exténué par tous ces événements, le jeune couple décide de partir skier, laissant leur fils à la mère et à la grand-mère de Bardot99. Raoul Lévy téléphone à Brigitte pour lui parler de La Vérité100. La comédienne fait des essais avec plusieurs jeunes acteurs, dont Jean-Paul Belmondo, Hugues Aufray, Gérard Blain, Marc Michel, Jean-Pierre Cassel et Sami Frey101 qui est finalement choisi pour lui donner la réplique aux côtés de Charles Vanel, Paul Meurisse, Louis Seigner, Marie-Josée Nat et Jacqueline Porel101. Brigitte Bardot vit, à ce moment, une période difficile, son époux est malade, le tournage s’avère éprouvant et elle n'arrive pas à s'occuper de son bébé102. Un appel du directeur d'Ici Paris, Pierre Lazareff, un ami, lui apprend alors que son secrétaire a vendu ses mémoires pour 50 millions d'anciens francs à France Dimanche, mettant ses secrets et sa vie privée sur la place publique102. « Je me retrouvais seule avec un nourrisson, un mari malade, une maison à faire tourner, pas de bonne, un film à réussir. Une situation difficile à équilibrer pour tout être normal, impossible en ce qui me concernait103 ». Après le renvoi de son secrétaire, un accord passé entre les différents magazines103, lui permet de supprimer tout ce qui ne lui convient pas104. Sur le plateau de La Vérité Henri-Georges Clouzot se montre difficile53 : « Il me voulait à lui tout seul et régnait sur moi en maître absolu53 ». Le tournage s'avère éprouvant. Dans une scène, alors qu'elle doit pleurer, elle se met à rire, ce qui énerve Clouzot qui la gifle devant toute l'équipe, gifle qu'elle lui retourne53. « Il était hébété ! Jamais on ne lui avait fait ça ! Hors de lui, mortifié, humilié devant témoins, il m'écrasa les pieds avec les talons de ses chaussures. J'étais pieds nus, je poussai un hurlement et me mis à pleurer de douleur. Il demanda instantanément le « moteur » profitant de ces larmes bienvenues pour tourner la scène. Mais boitillante et claudicante, je quittais le plateau telle une reine offensée et réintégrais ma loge53 ». Une autre fois, à la fin du film, le scénario a prévu une scène de suicide où son personnage doit avoir avalé des barbituriques53. Lorsqu'elle se plaignit d'un mal de crâne, Clouzot lui apporta deux aspirines105. « Je me sentis bizarre, une torpeur m'envahit, mes yeux pesaient une tonne, j'entendais comme à travers du coton... On dut me ramener à la maison portée par deux machinistes. Clouzot m'avait droguée en me faisant absorber deux somnifères puissants. Je mis 48 heures à me réveiller ! Mais la scène était réaliste et on ne peut plus vraie105 ! » Chaque matin, le réalisateur la met en condition, lui montrant la vie sous son jour le plus désespéré, le plus injuste, le plus cruel106. Le film étant tourné au mois d'août, elle déprime, imaginant qu'elle pourrait être en vacances106, mais finit par se prendre réellement au jeu. Il lui semble que se déroule son propre procès106. Il est question de la mauvaise réputation de son personnage, de sa scandaleuse façon de vivre, de sa légèreté et son absence totale de moralité106. À la fin du film, elle doit dire un monologue long, émouvant et sincère. Ce sont les dernières paroles de son personnage pour tenter d'attendrir les jurés sur le meurtre commis contre son petit ami107. « On m'attendait au tournant106! Il allait probablement falloir recommencer une dizaine de fois [...] Clouzot vint me voir. Je savais mon texte au rasoir mais si je me trompais, ça n'avait pas d'importance, je devais continuer, inventer, parler avec mes tripes, avec mes mots. [...] Vanel se retourna juste avant le « moteur » et me dit un « merde » plein de tendresse. Il m'aimait bien et voulait que je sois ce qu'il savait que je pouvais être. Il y avait un silence de mort. J'attendis une seconde ou deux. Je les regardais, ceux-là, qui me jugeaient parce que j'osais vivre ! Puis ma voix s'éleva. Cassée, rauque, puissante, je leur dis ce que j'avais à leur dire à tous. Ma force venait de mes entrailles, je vibrais, je jouais ma tête, ma vie, ma liberté. Je pleurais, brisée par les larmes, ma voix hoqueta mais je continuai jusqu'à la fin et tombai assise, la tête entre les mains, en proie à une véritable crise de désespoir. Il y eut un moment de silence puis Clouzot cria « Coupez ! ». Alors, toute la salle du tribunal m'applaudit, les figurants pleuraient, les juges étaient émus, les jurés impressionnés. Ce fut une des plus grandes émotions de ma vie. J'étais vidée, à bout, mais c'était réussi. J'avais gagné. Bien sûr, on ne recommença pas » — Brigitte Bardot, Initiales B.B., Éditions Grasset, p. 274 Le tournage de La Vérité se révèle pour elle, sur le plan personnel comme professionnel une belle réussite108. Elle dissimule, par respect pour son mari109, la liaison commencée avec Sami Frey110. Mais son mari ne tarde pas à la découvrir111, de même que les journalistes, qui ne cesseront de la harceler112. Madame Bardot, affolée par l'état dépressif de sa fille, l'envoie dans une maison isolée de Menton, en compagnie de Mercedès une amie112. —————————— Dernier film : Colinot-Trousse Chemise (1973) À Paris, son agent lui soumet le scénario de L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise. Nina Companeez, que Brigitte Bardot aime bien, en est l'auteur et doit le mettre en scène, avec Francis Huster, dans le rôle de Colinot203. Sa participation, très courte, ne doit durer qu'une semaine et, après l'échec de Don Juan 73, son agent pense que ce projet est bien choisi203. Après avoir lu et apprécié, elle signe et se rend dans le Sud-Ouest. En attendant, Brigitte Bardot rencontre Jean-Pierre Elkabbach, qui veut qu'elle participe à son émission Actuel 2203. Elle doit être confrontée à quatre journalistes, pendant une heure, en direct. Elle déclare : « C'était un terrible risque à prendre. J'en fus malade de trac huit jours avant et huit jours après, mais je le pris. Après tout, qu'avais-je à perdre ? J'avais tant à y gagner ! Le public ne connaissait pas la vraie Brigitte. Je passais depuis des années pour une ravissante idiote que je n'étais pas. Il était temps de le faire savoir203 ! » Le 9 avril, les Français la découvrent totalement différente de celle qu'ils imaginaient204. Dix millions de téléspectateurs suivent l'émission204. Sur le tournage de Colinot, elle ne s'estime plus dans son rôle et, se regardant dans un miroir, se trouve « stupide » avec son déguisement205. « Tout cela me sembla dérisoire, superflu, ridicule, inutile205 ». C'est à ce moment qu'elle décide d'arrêter définitivement ce métier205. Le soir, elle annonce à Nicole Jolivet, journaliste de France-Soir qui se trouve là par hasard : « J'arrête le cinéma, c'est fini, ce film est le dernier - j'en ai marre205 ! » C'est un raz-de-marée médiatique205. Tous les journaux du monde reprennent l'information205. « Je me sentis allégée d'un poids terrible206 ». Elle n'est jamais revenue sur cette décision, malgré le très grand nombre de propositions « parfois tentantes » qu'a reçu son agent depuis206, comme la proposition de tourner un film avec Marlon Brando, pour un cachet s'élevant à un million de dollars américains207. Néanmoins, elle se montre intéressée par une éventuelle adaptation du roman d'Albert Cohen, Belle du Seigneur208. Elle déclare même au Monde : « Je vais encore faire un film, mais il faut que ce soit quelque chose de fantastique. C'est pourquoi je serai très prudente sur le choix du scénario »209, mais elle annonce néanmoins mettre un terme définitif à sa carrière en 1975209. La dernière image du dernier plan de son dernier film, le 48e de sa carrière, la montre une colombe à la main, symbole de sa vie future consacrée aux animaux. Le 6 novembre 1973, elle se fait le serment que son nom, sa gloire, sa fortune et sa force lui serviront à les aider jusqu'à sa mort, à se battre pour eux, à les venger, à les aimer et à les faire aimer210. Nudité dans sa carrière Alors que Et Dieu… créa la femme fait d'elle une star, le Vatican tient, à l'exposition universelle de Bruxelles de 1958, un salon en proposant aux visiteurs un pavillon composé de deux salles : la première est réservée aux miracles du Bien et la seconde, dédiée aux méfaits du Mal, comporte une photo de Brigitte Bardot dansant le mambo dans Et Dieu... créa la femme211. Pour longtemps, l'image et la vie de Brigitte Bardot sont alors associées au « scandale, à l'immoralité, au péché de la chair, au diable cornu, au symbole de la plus grande dépravation »212. Sa position allongée, nue sur le ventre, dans Et Dieu… créa la femme, est reprise par Vadim dans Le Repos du guerrier en 1962, Jean Aurel dans Les Femmes et Godard dans Le Mépris qui a rajouté de piquants dialogues entre elle et Michel Piccoli : « — Tu vois mon derrière dans la glace ? — Oui — Tu les trouves jolies mes fesses ? — Oui... très. — Et mes seins. Tu les aimes ? — Oui, énormément. — Qu'est-ce que tu préfères, mes seins, ou la pointe de mes seins ? — Je sais pas, c'est pareil. » En 1973, Vadim souhaite de nouveau créer le scandale avec un nouveau Et Dieu… créa la femme, qu'il intitule Don Juan 73. Pour cela, Brigitte Bardot, pour qui le film est un « calvaire202 », tourne une scène d'amour avec Jane Birkin201. Pour elle, la nudité qu'elle a montrée correspond à de la « petite bière en comparaison de ce que l'on voit aujourd'hui »10. ———————————————— Engagement dans la défense animale Chasse aux phoques (1973-1978) Un blanchon. Pendant trois ans, par ses propres moyens, Brigitte Bardot essaie de faire de son mieux pour les animaux213. Elle se fait porte-parole de la SPA et lance des appels en faveur des chiens abandonnés208. Elle se lie à Allain Bougrain-Dubourg. En 1976, elle rejoint Brian Davis de l'IFAW, et déclenche une vaste campagne internationale pour dénoncer la chasse aux phoques214 après avoir vu un documentaire à ce sujet215. Pratique ancienne des Inuits de la région arctique, qui s'en servent pour maints usages en récupérant la viande, la fourrure, la graisse (ou l'huile) et les os, la chasse permet de nourrir pendant sept mois quelque 15 000 familles de pêcheurs (en hausse)216. Mais ce sont les méthodes employées qui consternent l'actrice. En effet, les phoques âgés de 15 jours à peine sont assommés à coups de massue, puis dépecés sur place, parfois encore conscients214. Bardot mène alors une manifestation devant l'ambassade de Norvège et de nombreuses interventions médiatiques remuent l'opinion publique mais ne suffisent pas à faire changer d'avis les responsables de la chasse214. Le 15 mars 1977, le président français Valéry Giscard d'Estaing interdit l'importation de peaux de phoques en France214. Le 20 mars 1977, celle qui est encore une star aux yeux du monde entier se rend au Canada, sur les glaces polaires de Blanc-Sablon, afin d'y dénoncer la chasse aux blanchons pour leur fourrure. Elle entreprend alors un combat qui va changer sa vie10. Son périple dure cinq jours sous une pression médiatique inouïe215. À son arrivée, elle crie aux chasseurs « Canadiens, assassins »215 et déclare lors de sa conférence de presse : « Si je suis venue ici, ce n'est pas pour faire du tourisme ou pour me faire photographier comme au Festival de Cannes. [...] Nous sommes ici pour trouver une solution au problème qui se pose mondialement et nous supplions, Monsieur Weber et moi, et le monde entier, le gouvernement canadien de trouver une solution à ce problème. De toute façon, quoi qu'il arrive, le phoque est en voie de disparition. […] Il faut que vous vous disiez, même si la chasse au phoque existe depuis 300 ans, que les traditions changent et seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. » — Brigitte Bardot, Conférence de presse au Canada, 1977 Dans son combat, Brigitte Bardot est soutenue par de nombreuses personnalités, telles Isabelle Adjani, Kim Basinger, Tippi Hedren, Ursula Andress et Johnny Hallyday217. Le 28 mars 1983, après une réception de Bardot au Conseil de l'Europe, la Communauté économique européenne, autre institution européenne, interdit l'importation des peaux et de fourrures de bébés phoques harpés (à manteau blanc) et de bébés phoques à capuchon (à dos bleu)214,218. Dès lors, la chasse connaît une forte diminution. En effet, 20 000 phoques sont abattus en 1985 contre 200 000 en 1981218. Dernière chanson (1980-1988) Pour prolonger l'action qu'elle vient de mener, elle publie en 1978 un livre illustré destiné aux enfants, Noonoah, le petit phoque blanc, racontant la vie d'un bébé phoque sauvé des chasseurs par un Inuit. En 1982, elle reprend à titre exceptionnel le chemin des studios d'enregistrement pour deux dernières chansons, en hommage aux animaux : Toutes les bêtes sont à aimer et La Chasse. En mars 1980, TF1 diffuse un reportage sur les conditions d'abattage des chevaux et révèle que la France est le 2e pays d'Europe à en manger. Scandalisée, Brigitte Bardot réagit le lendemain en demandant aux Français de ne plus le faire : « Il y a des tas de pays qui ne mangent pas de chevaux et qui ne se portent pas plus mal pour autant. Je trouve ça dégueulasse et puis la façon dont on les transporte que ce soit par bateau ou par train. Ils arrivent dans des conditions abominables. Quand ils ont les pattes cassées, on les jette par-dessus bord, vivants. [...] Les Français n'ont qu'à plus manger de viande de cheval et puis c'est tout. Pourquoi on ne mange pas de chien ou de chat ? Les Français pensent qu'à bouffer. Ils sont gros et gras, et meurent d'un infarctus, et les femmes font des régimes. Qu'ils mangent moins, et qu'ils commencent par arrêter de manger du cheval. C'est dégoûtant219. » Elle décrit les abattoirs comme « une vision proche de l'enfer213. » En 1984, Brigitte Bardot apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein220. Elle refuse dans un premier temps de se faire soigner220, pensant qu'il s'agit de son destin et affirmant « traiter le cancer avec mépris, lui accordant peu d'importance »220,34. Son amie Marina Vlady réussit à la convaincre de commencer un traitement, qui se termine par sa guérison34. En 1986, dix-neuf ans après son enregistrement, elle propose à Serge Gainsbourg de sortir leur version restée inédite de Je t'aime… moi non plus. La chanson, chantée entretemps par Jane Birkin, connaîtra un succès certain. ———————————— Popularité Statue de Brigitte Bardot érigée à Búzios au Brésil. Avec ses cheveux décoiffés, ses pieds nus, ses tenues minimalistes, sa moue boudeuse, ses attitudes nonchalantes, son côté sauvage, sa franchise à toute épreuve, sa nature insoumise et sa sexualité débridée, Bardot a radicalement bouleversé l’image de la femme et est devenue une icône absolue262. Dans les années 1960, elle rapporte autant de devises à la France que la régie Renault132,263. Elle reste l'une des stars les plus connues dans le monde264. D'ailleurs, en janvier 2008, elle est désignée, d'après un sondage effectué auprès de plus de 8 000 personnes dans le monde, comme étant, internationalement, la deuxième plus belle femme, toutes générations confondues, juste derrière l'actrice Catherine Zeta-Jones264,265. Elle a également été une icône de la mode avant la lettre. Tout ce qu'elle faisait ou portait était immédiatement imité par des dizaines de millions de femmes. C'est avec Arlette Nastat, la créatrice de Real rencontrée dès 1956, qu'elle trouvera pleinement son style vestimentaire (robe vichy, pantalon corsaire…). Le voyage à New York montre pleinement la richesse de cette collaboration266. Ensemble, elles créeront la ligne de vêtements « La Madrague », dans les années 1970, signant ainsi plus de 20 ans de complicité. Brigitte Bardot fait également connaître au grand public Saint-Tropez, sur la côte d'Azur, et Buzios, au Brésil. Une statue lui a même été érigée dans cette commune267. La star est une référence pour les Anglo-Saxons. L'actrice britannique Joan Collins, qui tournait alors La Terre des pharaons à Rome (sorti en 1955), a raconté comment toutes les femmes — y compris elle-même — copiaient son style vichy avant même Et Dieu… créa la femme268, et le scénariste Noël Howard (sur le même tournage) montra à Howard Hawks, qui cherchait des actrices à prendre sous contrat, des essais de la jeune femme ainsi que de sa copine Ursula Andress, mais aucune des deux n'appartenaient au type du réalisateur (découvreur de Lauren Bacall…)269. À la même époque, Kirk Douglas est ébloui par la starlette en bikini et envisage de l'emmener à Hollywood mais sa femme s'y oppose270. Adolescent, Bob Dylan dédie à Bardot la première chanson qu'il crée. Plus tard, il mentionne Brigitte Bardot dans les paroles de I Shall Be Free, un titre de l'album The Freewheelin' Bob Dylan, sorti en 1963 : « […] It's President Kennedy callin' me up / He said, "My friend, Bob, what do we need to make the country grow" ? / I said, "My friend, John, "Brigitte Bardot, / Anita Ekberg / Sophia Loren" / Country'll grow. […] ». Bardot a été idolâtrée par John Lennon et Paul McCartney271,272. Les Beatles avaient prévu de faire un film avec elle, mais l'idée a cependant été abandonnée273. Après le passage de la tornade de Et Dieu… créa la femme, Bardot devient la star la plus copiée au monde. Par exemple, Faye Dunaway reconnaît que les producteurs l'ont teinte à ses débuts en « blonde incendiaire façon Bardot »274. Plus étonnant : Robert Evans, grand ami d'Alain Delon, avec la complicité de ce dernier et à l'insu de Bardot, doit le début en fanfare de sa carrière de producteur (Love Story, Rosemary's Baby, Chinatown) à l'annonce du projet bidon d'une biographie de Maurice Chevalier avec Bardot en Mistinguett lors d'une conférence de presse qui fait sensation275. Pour la scène du mambo dans Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, qui lui avait un jour dit « Tu seras un jour le rêve impossible des hommes mariés276 », elle est nommée 4e star la plus sexy en 2007 par le magazine Empire277. Retirée à Saint-Tropez depuis 2006, elle accepte rarement les entretiens278. Elle reçoit néanmoins, à La Madrague, Michel Drucker et Mireille Dumas, pour leurs émissions respectives, Spécial Vivement Dimanche et Vie privée, vie publique. Cette dernière raconte : « Nous l’avons filmée dans son cadre, là où elle vit. On découvre un endroit très simple, sans luxe, sans l’ostentation qui accompagne souvent l’argent. C’est une maison chaleureuse et qui lui ressemble. C’est d’ailleurs incroyable de la voir, elle, à la Madrague, alors qu’en face de sa maison mouillent des bateaux de milliardaires où le champagne coule à flots quelle que soit l’heure. Elle exprime d’ailleurs son sentiment sur cette débauche d’argent279. » Elle continue d'être admirée par les actrices d'aujourd'hui. En 1998, dans un des numéros de Studio magazine, dont elle fait la couverture sous le titre « Le Mythe B.B. : Brigitte Bardot répond », Sharon Stone entre autres lui rend un vibrant hommage. Katherine Heigl a déclaré vouloir l'interpréter sur grand écran280. Pamela Anderson dit d'elle : « Brigitte Bardot a toujours été pour moi un modèle. J'aime la femme qu'elle est et j'admire la militante sans compromis qu'elle est devenue, parce que son combat sans relâche relève, selon moi, de l'abnégation ». Mélanie Thierry croit qu'elle a su « traverser le temps et les genres. La plupart de ses films sont devenus cultes et peuvent aussi bien plaire aux gamines qu’aux femmes, aux intellos qu’aux amateurs de comédies grand public281. » Heather Graham fait de même pour la couverture du magazine Esquire en avril 2010, où elle reprend l'une des poses connues de Bardot d'après une séance de Sam Lévin de 1959 en serviette éponge rose281. Lors de plusieurs séances photos, Vanessa Paradis a également repris certaines poses de l'actrice281, tout comme Kylie Minogue pour la pochette de son album Body language282. La campagne publicitaire de Dior pour son nouveau parfum Miss Dior Chérie en 2008, utilise l'esprit Bardot dans une publicité réalisé par Sofia Coppola avec le mannequin Marina Lynchuk. On y voit cette dernière déambuler dans les rues de Paris dans le style Bardot, accompagnée de la chanson Moi je joue283. La marque réitère en 2012 avec le spot publicitaire pour son parfum Dior Addict tourné à Saint-Tropez, dans lequel la mannequin Daphne Groeneveld se comporte comme Brigitte Bardot dans le film Et Dieu… créa la femme, en dansant sur une table entourée de garçons284,285. Peinture de Brigitte Bardot à Lisbonne, Portugal. Au fil des années, Brigitte Bardot reste un symbole de scandale et c'est elle qui fait la couverture de la première étude des archives de la censure cinématographique en France, couvrant la période 1945-1975, publiée en 2009286,287. Son combat pour la protection animale est également très apprécié288. Michel Serrault déclare à son propos : « Aujourd’hui, Brigitte Bardot consacre sa vie aux animaux. Elle est excessive ? Certainement. Son combat est sincère, passionné, un peu outrancier parfois, mais elle doit faire face à toutes sortes de gens (viandards, transporteurs d’animaux véreux, vivisecteurs), qui ne sont pas l’expression la plus raffinée du genre humain. Pour sa carrière et pour sa croisade animalière, elle mérite le respect ». Paul Bocuse se dit « très sensible à la cause que cette star internationale continue de défendre » et Isabelle Adjani décrit les images d'elle sur la banquise comme « des instants d'éternité ». En 2009, 68 % des Français sondés par l'Ifop déclarent avoir une opinion favorable d'elle, un taux qui monte à 72 % chez les femmes et à 77 % chez les sympathisants de droite288 ; chez les moins de 35 ans, elle recueille 64 % d'opinions favorables, alors qu'elle a pris sa retraite du monde artistique en 1973288. L'institut YouGov indique en 2016 qu'elle est la cinquième personnalité préférée des Français (toute nationalité confondue), malgré les controverses l'entourant et son silence médiatique289. ————————————— Discographie 1962 : Stanislas/Rendez-Vous (avec Les Frères Jacques) (inédit jusqu'en 2004) 1962 : Sidonie (super 45T) : bande originale du film Vie privée 1962 : Tiens, c'est toi ! (duo avec Jean-Max Rivière), Leçon de Guitare (duo avec Olivier Despax) (inédits jusqu'en 1993) 1963 : Brigitte Bardot (33 T) : L'Appareil à sous, Les Amis de la musique, El Cuchipe, Je me donne à qui me plait, Invitango, C'est rigolo, La Madrague, Pas davantage, Everybody Loves My Baby (en), Rose d'eau, Noir et Blanc, Faite pour dormir 1963 : L'Appareil à sous (super 45 T) : El Cuchipe, La Madrague, Les amis de la musique 1963 : La Belle et le Blues (inédit jusqu'en 1993) 1964 : Invitango (super 45 T) : Noir et Blanc, Everybody Loves My Baby, C'est rigolo 1964 : Ça pourrait changer (super 45 T) : À la fin de l'été, Je danse donc je suis, Jamais trois sans quatre 1964 : B.B. (33 T) : Moi je joue, Une histoire de plage, Ça pourrait changer, À la fin de l'été, Ne me laisse pas l'aimer, Maria Ninguem, Je danse donc je suis, Mélanie, Ciel de lit, Un jour comme un autre, Les Cheveux dans le Vent, Jamais trois sans quatre 1964 : Une histoire de plage (45 T) : Les Cheveux dans le Vent, Ne me laisse pas l'aimer, Mélanie 1965 : Bubble gum (super 45 T) : Je manque d'adjectifs, Les Hommes endormis, Les Omnibus 1965 : Viva Maria ! (33 T), bande originale du film : Paris, Paris, Paris, Maria, Maria, Ah ! Les p'tites femmes de Paris (duo avec Jeanne Moreau) 1966 : Le Soleil (super 45 T) : On déménage, Gang Gang, Je reviendrai toujours vers toi 1967 : Je t'aime… moi non plus (parution en 1986 : 45 T & maxi 45 T) : en duo avec Serge Gainsbourg 1967 : Harley Davidson (45 T) : Contact 1967 : La Bise aux Hippies (duo avec Sacha Distel) 1968 : Bonnie and Clyde (33 T / Special Show) : Bonnie and Clyde, Bubble gum, Comic strip, Un jour comme un autre, Pauvre Lola (S.G), La Madrague, Intoxicated man (S.G), Everybody Loves My Baby, Baudelaire (S.G), Docteur Jekyll et Mister Hyde (S.G) 1968 : Bonnie and Clyde (45 T), version anglaise : Comic strip 1968 : Brigitte Bardot Show (33 T) : Harley-Davidson, Marseillaise générique, Mister sun, Ay ! Que viva la sangria, Ce n'est pas vrai, Gang gang, Saint-Tropez, Port Grimaud, Oh ! Qu'il est vilain, Paris, Je reviendrai toujours vers toi, On déménage, Le diable est anglais, David B, Contact 1968 : The Devil's in Town, parfois titré The Devil is English (Le Diable est Anglais, version anglaise) 1969 : La Fille de paille (45 T) : Je voudrais perdre la mémoire 1970 : Tu veux ou tu veux pas (super 45 T) : Mon léopard et moi, John et Michael, Depuis que tu m'as quittée 1970 : Nue au soleil (45 T) : C'est une bossa nova 1970 : Les Novices (45 T), bande originale du film : Chacun son homme (duo avec Annie Girardot) 1970 : Quand mon amour danse, Soyons deux (inédits jusqu'en 2004) 1971 : Boulevard du rhum (45 T), bande originale du film : Sur le boulevard du rhum, Plaisir d'amour (duo avec Guy Marchand) 1971 : Écoute le Temps (inédit jusqu'en 2000) 1972 : Sei Arrivato Amor Mio (Tu es venu, mon amour, version italienne) 1973 : Vous ma lady (45 T) : en duo avec Laurent Vergez, Tu es venu, mon amour 1973 : Le Soleil de ma vie (45 T) : en duo avec Sacha Distel 1982 : Toutes les bêtes sont à aimer (45 T) : La Chasse ————————————— ————————————— ANECDOTES 1